“Si la vie cessait d'être une recherche, elle ne serait plus rien.”
Stendhal
Depuis Prométhée, la curiosité est le pouvoir secret des vrais voleurs de feu. Saviez-vous que le pouvoir de la curiosité est l’une de mes Keynotes les plus demandées en entreprise ?
Ce n’est pas un hasard, les gens aux yeux qui pétillent sont souvent passionnément curieux, j’ai la chance d’en croiser souvent dans mon cabinet Second Act. Ils ont gardé leur âme en vie.
J’ai hérité de mes parents une curiosité insatiable, Paul Graham pense que c’est la seule passion qui ne s’use pas et se nourrit d'elle-même. Je la considère comme l’un des moteurs essentiels de l’âme (avec l’Amour et l’Autre).
A contrario, et comme je l’ai souvent constaté en entreprise ou ailleurs, les incurieux font les incuries…
Pourtant comme la pilule de sens, la pilule de curiosité n’existe pas. Cet essai est ma modeste tentative de s’en rapprocher.
Je suis très heureux de le publier avec la vidéo qui l’accompagne. Elle compresse en 20 minutes tout ce que j’ai appris de la curiosité en 20 ans. N’hésitez pas à la partager autour de vous car la curiosité - je m’en aperçois chaque jour- est, curieusement, un sujet très méconnu.
Avant de lever le rideau sur “pouvoir de la curiosité” dans lequel vous retrouverez -#spoiler - la To Do List de Léonard de Vinci et la vraie histoire de la sérendipité- je vous laisse découvrir, à titre de mise en bouche, pourquoi Foucault y voyait un soin et “un sens aiguisé du réel” :
"La curiosité est un vice qui a été stigmatisé tour à tour par le christianisme, par la philosophie et même par une certaine conception de la science. Curiosité, futilité.
Le mot, pourtant me plait ; il évoque le "souci"; il évoque le soin qu'on prend de ce qui existe et pourrait exister ; un sens aiguisé du réel mais qui ne s'immobilise jamais devant lui ; une promptitude à trouver étrange et singulier ce qui nous entoure ; un certain acharnement à nous défaire de nos familiarités et à regarder autrement les mêmes choses ; une ardeur à saisir ce qui se passe ; une désinvolture à l'égard des hiérarchies traditionnelles entre l'important et l'essentiel. Je rêve d'un âge nouveau de la curiosité."
Michel Foucault
Je dédie cette essai aux gens longs et à tous les curieux (ce sont souvent les mêmes), n’oubliez pas :“L’enthousiasme meurt, la curiosité vit" (Bhargav Chowdhari)
Le pouvoir de la curiosité
La curiosité est aujourd’hui reconnue comme une qualité enviable pourtant, elle a longtemps senti le souffre.
Car la curiosité, au départ, est une transgression…
La curiosité est une transgression
Vous avez souvent entendu une grand-mère vous dire “la curiosité est une vilain défaut” ou un vieil oncle, d’un air de reproche, balayer votre question d’un : “te voila bien curieux”.
Il faut savoir que cette transgression vient à l’origine du mythe d’Adam ou Eve où la curiosité d’Adam attisée par Eve, elle même flouée par le Serpent (représentant le mal) lui aurait fait goûter le fruit défendu de l’arbre de la connaissance lui faisant perdre, par la même occasion, le paradis terrestre.
Petite anecdote curieuse, c’est un mythe très présent dans le monde entier puisqu’on le retrouve dans d’autres religions Ainsi dans l’hindouisme, le livre de Bhavishya Purana fait aussi mention de deux caractères similaires Adama et Havya dans l’un de ses récits.
C’est à cause de ce mythe fondateur que l’Eglise rejettera longtemps la curiosité et que de grands guides spirituels de l’époque comme Thomas d’Aquin préféreront longtemps parler de studiosité que de curiosité.
Au moyen-âge, l’examen du corps humain est proscrit et l'Eglise interdira ainsi de dépecer les cadavres. Ceci mènera l’occident chrétien à prendre un retard considérable en médecine alors que, dans le monde musulman, Abulcassis, (936-1013) du Califat de Cordoue rédige au tournant du millénaire le Tarsif, une encyclopédie médicale en 30 volumes qui comporte plus de 200 instruments.
Comme le concile de Tours en 1163 l’imposera au monde chrétien Ecclesia abhorret a sanguine (L’Église abhorre le sang) : la dissection des cadavres est strictement interdite et la chirurgie est rejetée comme acte de barbarie.
Et c’est pour cela que la médecine et a fortiori la chirurgie prirent tant de temps à décoller. Saviez-vous que les premiers chirurgiens descendent en fait des premiers barbiers. Ce n’est en effet qu’en 1691 qu'un édit royal français séparera chirurgiens et barbiers, les chirurgiens sont alors nommés barbiers de longues robes et les coiffeurs barbiers de courte robe.
2- La curiosité est une disponibilité
Ce n’est qu’à la renaissance que la curiosité est réhabilitée avec les grandes explorations, elle devient alors une disponibilité, un signe d’ouverture au monde. Apparaissent alors les cabinets de curiosité que l’on appelle aussi studiolo en Italie et où figurent autant d’objets réels que mythiques issus des grandes explorations.
Les cabinets de curiosité à l’époque comprennent plusieurs sections Naturalia, objets créés par la nature et Artificalia, des objets créés par la main de l’homme
Voila ce qu’on peut y découvrir :
Dans la section Naturalia, un objet réel, la fulgurite qui porte bien son nom car il s’agit d’une concrétion souvent formée suite au passage de la foudre sur des sols calcaires.
Dans la section Artificialia des Zograscopes, ancêtres du cinéma.
Mais on y trouve aussi des objets complètement mythiques et …complétement faux. Par exemple des racines de barras aux pouvoirs prodigieux mais seulement découvrables dans le sol à l’aube après qu’un chien a uriné sur un sang de vierge, où encore des fémurs de l’agneau Tatare un agneau sans peau qui pousserait sur un arbre au bord de la Volga et qu’on peut cueillir avec une brassée d’herbe fraîche.
A cette époque l’incarnation ultime de l’homme de la renaissance est ce qu’on appellerait aujourd’hui un polymath, un hypercurieux. À la fois artiste, savant et inventeur c’est Léonard de Vinci que je considère comme le “Goat” absolu de la curiosité comme l’atteste l’une de ses To-Do-Lists que je ne résiste pas au plaisir de vous lire
● Calculer les mesures de Milan et de sa banlieue
● Demander au Frère Brera du monastère benedictin de Milan le texte de Poderibus sur la mécanique
● Demander à Bennedetto Potinari (marchand de florence) par quels moyens ils traversent les glaces en flandres
● Dessiner Milan
● Demander à Maestro Antonio comment sont positionnés les mortiers de jour et de nuit sur les bastions
● Demander la taille du soleil à Maestro Giovanni Francese
● Trouver un expert en hydraulique et lui demander comment réparer une serrure, un canal et un moulin...À la manière lombarde !
3- La curiosité est une drogue :
[No alarm and No Surprises. Je m’en doutais, l’essai est bien sur trop long pour le mail ;-) mais vous pouvez le retrouver ici.]
Les Screenthoughts de la semaine
L’âge d’or n’existe qu’à un seul endroit
Nourris les idées naissantes
Le réseau le plus puissant du monde
Signe des temps et temps des signes
Vous connaissiez le déjà-vu…mais connaissiez-vous le “Jamais Vu”
Les artistes, danseurs, auteurs, éditeurs, journalistes, ont-ils disparu ? Que Nenni !
Le futur des théâtres de guerre se teste aujourd'hui.
“Quelque chose d’humain alors que nous devenons de plus en plus numériques”…“Il ne s’agit pas seulement de perfection, mais de ce qui échappe à la technologie …” L’authenticité dans la maladresse. Des poses anti IA : la mode prend une nouvelle posture.
Pendant ce temps là, avec l’Underconsumptioncore la GenZ remet l’hyperconsommation au placard et l’Oat Milk Elite sur Instagram se moque des chasseurs de microtrends.
Voila, cette (longue) lettre de Umanz est finie. Je vous retrouve dans mon cabinet de transition de vie Second Act ou la semaine prochaine dans la lettre de Umanz. D’ici là gardez le cap 🧭.
Waloyo Yamoni, nous surmontons le vent.
Cette newsletter est avant tout un projet de cœur. De nombreuses personnes et sociétés nous demandent souvent : comment travailler ensemble ? Actuellement, je consacre 80% de mon temps à “Second Act”, mon cabinet de transition de vie. 10% de mon temps à des Keynotes en entreprise sur les Soft Skills élégants: la Curiosité, l’esprit du débutant, l’émerveillement, l’impact, la loyauté, l’art de la conversation etc. Ainsi que des ateliers et séminaires exclusifs pour les comités de direction. Et 10%, par pur plaisir, à une activité de conseil en positionnement et en identité d’entreprise que j’ai gardé de mes anciennes activités chez Google, Reuters et Dow Jones. Elle me permet de produire des contenus uniques, aussi différenciés que des guitaristes punks dans un orchestre de mariachis pour les entreprises, les professionnels et les marques. N’hésitez pas à me solliciter.
Merci ! j'ai tout de suite pensé à cette scène de Jules et Jim sur les curieux : https://youtu.be/lPgwSIeiv4w?si=Fbw23IpeH0ytmE9_&t=72