La lettre de Umanz : ✍️ L'IA longtemps que je t'aime
Une fourmi de 18 mètres avec un chapeau sur la tête, ça n’existe pas, ça n’existe pas….Et pourquoi pas ?
Robert Desnos
Cette semaine la simulation , le monde dans lequel nous vivons a accéléré sa production de Weird AS A Service : une IA s’est présentée aux municipales pendant que le championnat de hobby horse battait son plein et qu’une présidente d’université défendait sa vie de pornstar vegan sur Only Fan.
Sinon, il restait le spectacle de la vie politique française ou l’alarmant/catastrophique débat présidentiel US.
L’IA de la joie
En bref, les frontières se brouillent, les repères s’estompent. Comme le déplore Romain Gary : le monde est devenu excessivement visible.
A l’ère de la grande fragmentation, l’IA doit-elle nous aider à y voir plus clair, à faire “un joins-les-points” (😱qu’est-ce que c’est) dans notre chaos humain ?
Dans une vision que je ne souhaite surtout pas prophétique, Lovecraft s’était permis d’en douter :
“Ce qu'il y a de plus pitoyable au monde, c'est, je crois, l'incapacité de l'esprit humain à relier tout ce qu'il renferme. Nous vivons sur une île placide d'ignorance, environnée de noirs océans d'infinitude que nous n'avons pas été destinés à parcourir bien loin.
Les sciences, chacune s'évertuant dans sa propre direction, nous ont jusqu'à présent peu nui.
Un jour, cependant, la coordination des connaissances éparses nous ouvrira des perspectives si terrifiantes sur le réel et sur l'effroyable position que nous y occupons qu'il ne nous restera plus qu'à sombrer dans la folie devant cette révélation ou à fuir cette lumière mortelle pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d'un nouvel obscurantisme.”
Pourtant, il est toujours sain de voir les deux aspects d’un même phénomène. En bref, comme Gramsci, balancer “le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté”.
Je l’ai dit à plusieurs reprises, je reste pour ma part moins inquiet des machines qui viendront que des machines que nous deviendront.
L’IA pas de quoi s’inquiéter
Car en vérité, ce qui menace le réel à l’avenir c’est des gens entraînés sur de la mauvaise data et avec de mauvais modèles.
Et…Dans un monde déserté par le réel, les entreprises pourraient bien faire figure de derniers phares de stabilité.
Vaste responsabilité…
J’ai rencontré Cécile Dejoux, Professeur au CNAM et à l’ESCP-EAP à l’USI cette semaine et elle m’a expliqué les conséquences du bouleversement de l’IA pour les entreprises et pour le management, je vous en parle tout de suite.
Interview Umanz : comment rendre son job IA compatible ?
Cécile Dejoux, professeur au Cnam et à l’ESCP-BS intervenait cette semaine en direct de l’USI sur le Care Management à l’heure de l’IA.
Elle accepté de répondre aux questions de Umanz :
Umanz- Comment un humain peut-il établir sa valeur par rapport à l'IA ?
Cécile Dejoux : La première étape est de la comprendre et de l’utiliser. Développer une agilité avec l’outil et être à l’aise sur vos domaines d’applications.
Je pense que nous allons rentrer dans un moment cyclique avec l’IA et que dans une seconde phase il faudra des spécialistes et des nouveaux métiers totalement dédiés au travail avec l’IA. Il y aura une haute marche vers ce deuxième niveau.
Il faudra alors acquérir les bons gestes d’audit et bien interpréter les signaux d’alertes. C’est ce que j’appelle le RAG Humain (Retrieval-Augmented Generation) . J’estime aussi qu’on créera de la valeur sur des questions d’imperfection, d’aspérité et de friction ou sur la vision du futur car on ne pourra concurrencer les IA sur des critères de temps, d’automatisation ou d’interprétation du passé.
Parallèlement à ces deux niveaux apparaîtront différentes niches de valeur. Une première niche de valeur aura trait aux nouvelles maladies liées à la vie avec les IA car la cohabitation avec de tels outils pourra être vécue comme insupportable. Il y aura en effet des cohortes de gens qui devront vivre avec les Intelligences Artificielles mais qui ne les accepteront pas intellectuellement.
Une autre niche sera constituée de ceux qui voudront vivre une autre vie correspondant à leurs valeurs. Dans des îlots de frugalité pour certains, de moments non-numériques pour d’autres. Je crois qu’une des futures qualités humaines consistera à évoluer fluidement dans le meilleur des deux mondes, équilibrer les possibles et comprendre les pièges à éviter.
Rester équilibré dans un monde schizophrénique sera une haute niche à valeur humaine.
Umanz- Quelles sont les clés de l'acceptabilité de l'IA en entreprise ?
Cécile Dejoux : Je pense avant tout que l’acceptabilité de l’IA passera par le Care Management, approche que j’ai nommée et formalisée et qui se décline en Self Care et le Team Care.
Il faut ensuite appréhender la mise en place de l’IA comme un dossier très rationnel et l’aborder par étapes.
D’abord, définir une stratégie claire aux contours définis. Quels outils on va utiliser ou pas ? Dans quel cadre ? Pour quels départements ? Quels métiers ? Avec quelle valeur attendue ? Puis définir des règles et des chartes éthiques d’utilisation.
La deuxième étape consiste à mettre en place des systèmes qui communiquent entre eux, ce qui implique d’avoir de bonnes datas et des bons flux. Car si rien ne communique, il n’y pas d’effet de levier
La troisième étape veillera à choisir les bons outils, ouverts ou fermés.
Enfin, la quatrième, s’attachera à distinguer les outils à utilisation interne ou externe. Et, pour chacun, définir les explications et contraintes spécifiques aux métiers. Ce qui implique des formations ciblées et de l’acculturation sur le temps de travail des salariés.
Umanz- Comment être IA compatible dans son job ?
Cécile Dejoux : Il faut savoir prompter, éduquer les systèmes, choisir le bon outil en fonction de son besoin, savoir automatiser, et faire de la curation. J’ai tout un MOOC dédié à ce sujet et je ne recommande pas les formations des Gafams visant à vous enfermer sur un seul outil
Dans une seconde phase, il faudra veiller à se mettre à jour sur les compétences experts (créer une équipe d’IA et des Agents Personnels Intelligents.)
Mais, et j’insiste sur ce point, il n’y aura pas d’acceptabilité de l’IA ni de compatibilité sans le Care Management.
Besoin d’un “Second Act” dans votre vie ?
Les gens passent leur vie à gravir l'échelle du succès pour se rendre compte qu'elle est adossée au mauvais mur.”
Thomas Merton
Il y a une gigantesque déconnexion à l'œuvre dans la société. On nous dit qu’il y a une app pour ça, une pilule pour ça, une posture de Yoga pour ça, mais la vérité c’est que nous n’avons pas mis à jour nos outils intérieurs de fabrication du sens face à une société et des phases de vie qui ont radicalement changé.
Découvrez Second Act, mon cabinet de transition de vie, un passeport de sérénité pour la deuxième partie de vie.
Les Screenthoughts de la semaine
Ambition générique VS Ambition spécifique
Déconseiller d’Orientation
Être Entrepreneur
🎙️Envie de Keynotes différentes ?
Découvrez mes dernières Keynotes
À la recherche du Courage Managérial
C’est quoi avoir de l’impact ?
L’art perdu de la conversation
Gen Z et ruptures générationnelles : les 5 grands décentrages du travail.
Ceux qui restent : petite méditation sur l’engagement et la loyauté en entreprise.
Tomber en émerveillement, plongée dans l’effet Wow.
Signes des temps/Temps des signes
Cet article s’applique à une ville. Il pourrait tout aussi bien s’appliquer à des personnes (suivez mon regard)...En bref, J'aime beaucoup cette notion de : "entre dans une phase d'irréalité…"
Peak Self-Care ? L’obsession du self-care : nouvelle religion hyper-individualiste ?
La nouvelle guerre générationnelle entre Z et millennials ? Pas la guerre des boutons, la guerre des chaussettes.
ACAM (advanced concentrative absorption méditation), Cessation Events, Trackers de Non Dualité. Bienvenue dans la science de la méditation avancée.
C’est tout pour cette semaine, je vous retrouve la semaine prochaine avec un nouvel essai très personnel, très littéraire et -petit pied de nez à la classe instragammo-performative- sûrement un peu perché.
D’ici là, gardez le cap 🧭 et pour finir sur l’IA n’oubliez pas, comme le dit le Luc de Brabandère dans Philosophie Magazine : “ChatGpt n’écrit pas, il calcule.”.
Waloyo Yamoni, nous surmontons le vent.
Cette newsletter est avant tout un projet de cœur. De nombreuses personnes et sociétés nous demandent souvent : comment travailler ensemble ? Actuellement, je consacre 80% de mon temps à “Second Act”, mon cabinet de transition de vie. 10% de mon temps à des Keynotes en entreprise sur les Soft Skills élégants: la Curiosité, l’esprit du débutant, l’émerveillement, l’impact, la loyauté, l’art de la conversation etc. Ainsi que des ateliers et séminaires exclusifs pour les comités de direction. Et 10%, par pur plaisir, à une activité de conseil en positionnement et en identité d’entreprise que j’ai gardé de mes anciennes activités chez Google, Reuters et Dow Jones. Elle me permet de produire des contenus uniques, aussi différenciés que des guitaristes punks dans un orchestre de mariachis pour les entreprises, les professionnels et les marques. N’hésitez pas à me solliciter.