La lettre de Umanz ✍️ : Cicatrices de bonheur, Éliminer les "après" et 3 autres Nuances As A Service
Bienvenue sur Umanz, une lettre où un non-automate écrit pour des intelligences naturelles.
« Aujourd’hui, on vit dans une société qui laisse peu de place à la nuance. Dans une société qui survalorise la radicalité. Or je trouve ça facile d’être radical.
Il est beaucoup plus facile de s’indigner que de penser. »
Leïla Slimani
Et si la nuance était la nourriture de l'esprit la plus rare ? La dernière délicatesse de ceux qui ont gardé leur âme en vie.
J'inaugure cette semaine sur Umanz une nouvelle édition des "Nuances As a Service" afin de pas céder tous les terrains de l'esprit à l'outrance algorithmisée.
Et j'inaugure cette lettre de Umanz par un petit texte de Christian Bobin éternel collectionneur de nuances qui nous parle d'un autre essentiel : tout ce qui s'écarte de nous après nous avoir frôlé.
À l’enfant qui me demanderait ce que c’est que la beauté – et ce ne pourrait être qu’un enfant, car cet âge seul a le désir de l’éclair et l’inquiétude de l’essentiel – je répondrais ceci : est beau tout ce qui s’éloigne de nous, après nous avoir frôlés. Est beau le déséquilibre profond que cause en nous ce léger heurt d’une aile blanche.
La beauté est l’ensemble de ces choses qui nous traversent et nous ignorent, aggravant soudain la légèreté de vivre.
Christian Bobin
L’Enchantement simple, et autres textes.
Cicatrices de bonheur, éliminer les après et 3 autres Nuances As a Service
Résoudre VS Affronter
Scott Samuelson auteur d’un livre philosophique sur la souffrance pose le dilemme suivant :
“ Les êtres humains ont toujours été confrontés à un choix entre résoudre la souffrance ou y faire face, réparer ou endurer. Et cela d'autant plus que la technologie s'est améliorée.
L'impulsion est de réparer. Comme réparer la maladie, résoudre la pauvreté, résoudre la maladie, résoudre le problème. Le côté positif est que nous devons à cette philosophie tous les progrès technologiques et ceux de la médecine moderne mais souligne Scott Samuelson plus nous réparons, “plus la capacité à faire face à la souffrance s'atrophie.”
Nos petits malentendus avec le réel
Nous avons parfois de drôles de manières de filtrer le réel en le voilant de délicats mensonges qui servent à masquer ses vérités inéluctables.
Un étrange mécanisme que décrit Fernando Pessoa dans son magnifique livre de l'intranquillité :
“Nous attribuons généralement à nos idées sur l’inconnu la couleur de nos conceptions sur le connu: si nous appelons la mort un sommeil, c’est qu’elle ressemble, du dehors, à un sommeil; si nous appelons la mort une vie nouvelle, c’est qu’elle paraît être une chose différente de la vie.
C’est par le jeu de ces petits malentendus avec le réel que nous construisons nos croyances, nos espoirs — et nous vivons de croûtes de pain baptisées gâteaux, comme font les enfants pauvres qui jouent à être heureux.”
Espérer vaguement, redouter précisément
L’une des caractéristiques étranges de la vie humaine est d'être très précise dans ses craintes mais floue dans ces espoirs. Un peu comme si l'on sollicitait le muscle de la peur au détriment de l'autre.
C'est le constat poétique et profondément humain de Paul Valéry :
"L’orage vient de finir, et cependant nous sommes inquiets, anxieux, comme si l’orage allait éclater. Presque toutes les choses humaines demeurent dans une terrible incertitude. Nous considérons ce qui a disparu, nous sommes presque détruits par ce qui est détruit ; nous ne savons pas ce qui va naître, et nous pouvons raisonnablement le craindre. Nous espérons vaguement, nous redoutons précisément ; nos craintes sont infiniment plus précises que nos espérances ; nous confessons que la douceur de vivre est derrière nous, que l’abondance est derrière nous, mais le doute et le désarroi avec nous.
Il n’y a pas de tête pensante si sagace, si instruite qu’on la suppose, qui puisse se flatter de dominer ce malaise, d’échapper à cette impression de ténèbres, de mesurer la durée probable de cette période de troubles dans les échanges vitaux de l’humanité…”
Paul Valery (conférence donnée à l’Université de Zurich le 15 novembre 1922.)
Éliminer les “après”
Éliminer les après est une puissante exhortation de Boucar Diouf à vivre l'instant présent, agir maintenant et ne pas remettre au lendemain.
Voici ce qu'il en dit.
“ Et malgré tout, il nous faut continuer de profiter avec sérénité de ce temps qui nous reste. Essayons d'éliminer les "après" ...
je le fais après ...
je dirai après ...
J'y penserai après ...
On laisse tout pour plus tard comme si "après" était à nous.
Car ce qu'on ne comprend pas, c'est que :
après, le café se refroidit ...
après, les priorités changent ...
après, le charme est rompu ...
après, la santé passe ...
après, les enfants grandissent ...
après, les parents vieillissent ...
après, les promesses sont oubliées ...
après, le jour devient la nuit ...
après, la vie se termine ...
Et après c'est souvent trop tard....
Alors... Ne laissons rien pour plus tard...
Car en attendant toujours à plus tard, nous pouvons perdre les meilleurs moments,
les meilleures expériences,
les meilleurs amis,
la meilleure famille...
Le jour est aujourd'hui... L'instant est maintenant...
Nous ne sommes plus à l'âge où nous pouvons nous permettre de reporter à demain ce qui doit être fait tout de suite.
Alors voyons si vous aurez le temps de lire ce message et ensuite de le partager.
Ou alors vous le laisserez peut-être pour... "plus tard"...
Et vous ne le partagerez "jamais" ...
Boucar Diouf
Il n’ y a pas de cicatrices de bonheur
On l'aura compris, l'esprit humain dans sa configuration de base a du mal à peser, hiérarchiser et équilibrer les évènements d'une vie.
C'est aussi ce que remarque Chuck Palahniuk à propos des introuvables cicatrices de bonheur :
"Il est si difficile d'oublier la douleur, mais il est encore plus difficile de se souvenir de la douceur.
Nous n'avons pas de cicatrice à montrer pour le bonheur. Nous apprenons si peu de la paix."
Chuck Palahniuk
Les Screenthoughts de la semaine
Personnalisez vos sympathies, dépersonnalisez vos antipathies
La faute la plus impardonnable
L’envie professionnelle est éternelle
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Pourquoi le monde est devenu bizarre ?
🎶 Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins à Wunderbike 🎶
Vous avez envie de connaître l'envers du décor de la vie d'un cadre doré dans la filiale d'un géant de la Silicon Valley ?
Wunderbike de Thomas Barthuel paru chez Lattès est la vie stroboscopée d'un patron de Startup transclasse et ses doutes, quant à la finalité de sa mission, lorsque son grand-père ouvrier décédé pèse sur sa conscience.
De la finance very bad aux mobilités douces not-so-good. On y découvre des scènes, des mails ou des business reviews punitives de boss américains, semi-smarts mais 100% Randiens, des bras de fer avec les politiques locaux si crédibles qu'il sentent le vécu chez l'auteur passé par Google et Uber.
Mais quand les vélos de Wunderbike disparaissent par flottes entières, les personnages se démasquent. Et quand les jeux à trois bandes se dévoilent, la vie sous stéroïdes d’un suradapté dérape et les générations futures ne pèsent plus grand chose.
“Aucun lieu n’est ailleurs”
Dans le même ordre d'idée que “Swipe Left, rien de nouveau”…
Pendant ce temps-là
🤔 Surtout ne nous emballons pas…Des biocomputers avec des cellules de cerveau humain ?
💰 Le trillion dollar coin : dernière abstraction monétaire avant la fin du monde.
🌬️ Tiens, tiens…On parle de plus en plus de Gaslighting au travail
🧐 On en connaît tous un ou deux autour de nous…Un cabinet de tendance identifie l’émergence d’un nouveau type de consommateur : les “Nouveaux Nihilistes”.
C’est tout pour cette semaine, je vous retrouve la semaine prochaine avec de nouveaux fragments de sens.
D’ici là, gardez le cap.
Waloyo Yamoni, nous surmontons le vent.
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Très belle édition, en particulier le passage sur Résoudre vs Affronter. Je ne peux m'empêcher de partager avec toi, le très beau texte de Maria Popova sur Alain de Botton qui décrédite l'idée de normalité et réhabilite en quelque sorte la dépression, comme signe justement que nous cherchons à aller mieux, en acceptant la souffrance.
https://www.themarginalian.org/2021/10/13/alain-de-botton-normalcy-breakdown/
Par ailleurs, "L'après" m'a beaucoup fait penser à Shane Parrish du Knowledge Project qui dans son podcast avec Derek Sivers évoquer ces parents qui ne veulent pas admettre qu'ils ne sont pas heureux dans leur rôle de parents et qui attendent l'étape d'après : je serais heureux quand ...
https://www.youtube.com/watch?v=JNkqvi29LBs&t=5616s
Merci beaucoup