La lettre de Umanz : ✍️Compenser l'époque, manquements invisibles, et 3 autres Nuances As a Service
Maman, c’est quoi une nuance ?
Les nuances constituent une nourriture rare dont on avait -presque- perdu le goût à une époque où les algorithmes de Zuck & Musk dopés à l’outrage ne laissent remonter à la surface que ce qui divise, tonitrue et assèche.
Avant que l’absence totale de nuances ne vienne saper les derniers et fragiles échafaudages de nos sociétés, la lettre de Umanz revient avec 5 nuances rares.
L’année dernière le célèbre influenceur Ordinary Things confiait : “le vrai danger des temps modernes n’est pas que nous n’arrivions pas à distinguer le faux monde du vrai, mais que nous sachions que le monde est faux et que nous choisissions de vivre quand même dans ce monde parce qu’il est confortable.”
Je ne pense pas que nous en soyons (encore) là mais comme dirait un autre barde céleste grattant une guitare sèche “It’s not dark yet but we are getting there.”
Je l’ai dit à de nombreuses reprises dans cette lettre, je redoute moins les machines artificielles que l’artificialisation des gens. C’est triste, mais nous sommes tous capables de désigner quelqu’un qui s’est progressivement pixellisé autour de nous.
L’art de la nuance est une branche de la pensée critique et devrait être enseigné à l’école. Nous avons tant de blessures sociétales qui attendent d’être comblées par des nuances.
Je dédie cette lettre à tous ceux qui autour de moi poursuivent le patient travail d’excavation qui consiste à lutter contre l’appauvrissement des mots et du dialogue.
En bref, à ceux qui, chaque jour, vont chercher la nuance, mais aussi un futur désirable sous le vacarme algorithmique.
Avant de vous faire découvrir les dernières Nuances As A Service, laissez-moi partager une nuance surprenante. Elle nous vient de Roger Federer qui nous explique avec son légendaire calme helvétique que le point n’est pas le point.
"La perfection est impossible. Sur les 1526 matches de simple que j'ai joués dans ma carrière, j'en ai gagné près de 80 %.
J'ai une question à vous poser.
Quel pourcentage de points pensez-vous que j'ai gagné dans ces matches ?
Seulement 54 %.
En d'autres termes, même les joueurs de tennis les mieux classés gagnent à peine plus de la moitié des points qu'ils jouent. Lorsque vous perdez un point sur deux en moyenne, vous apprenez à ne pas vous attarder sur chaque coup.
Vous apprenez à vous dire : d'accord, j'ai commis une double faute... ce n'est qu'un point. D'accord, je suis arrivé au filet, puis je me suis fait passer à nouveau ; ce n'est qu'un point. Même un grand coup, un smash du revers qui se retrouve dans la liste des 10 meilleurs gestes d'ESPN, n'est qu'un point. Cela aussi, ce n'est qu'un point.
Et voici pourquoi je vous dis cela. Lorsque vous jouez un point, ce doit être la chose la plus importante au monde, et c'est le cas. Mais quand c'est derrière vous, c'est derrière vous. Cet état d'esprit est vraiment crucial parce qu'il vous permet de vous engager pleinement dans le point suivant et dans le point suivant, avec intensité, clarté et concentration.
Vous voulez devenir un maître dans l'art de surmonter les moments difficiles. Pour moi, c'est le signe d'un champion. Les meilleurs au monde ne sont pas les meilleurs parce qu'ils gagnent tous les points. C'est parce qu'ils perdent encore et encore et qu'ils ont appris à y faire face. À accepter. On pleure s'il le faut et on se force à sourire".
Roger Federer
Compenser l’époque, fautes invisibles et 3 autres Nuances As A Service
Les manquements invisibles
Connaissez-vous vos fautes invisibles ?
Souvent dans un couple ou entre amis ce sont les fautes invisibles qui marquent les plus grands fossés.
Ces fautes invisibles mais indélébiles sont admirablement décrites par David Brooks : « mes manquements et mes péchés, ce sont généralement des manquements par omission, par défaut de présence auprès de ceux dont j’aurais dû être proche. Ce sont des péchés de retrait : l’évasion, le stakhanovisme, l’évitement du conflit, le manque d’empathie et le fait de ne pas dire les choses ouvertement.»
Compenser l’époque
Voilà une nuance que je médite et remâche fréquemment. Elle nous vient de Susan Sontag et nous parle de toutes les nuances :
“Si vous jugez que votre époque est tourmentée par des formalités vides et fausses, vous choisissez la spontanéité, voire un comportement inconvenant.”
Une bonne partie de notre moralité est la tâche qui vise à compenser notre époque.
On épouse des vertus qui ne sont pas à la mode, dans une époque inconvenante. En un temps vidé par les convenances, on doit s'éduquer en spontanéité.”
Et, si les époques inconvenantes (troublées, absurdes, oppressives) doivent être compensées par des pensées inconvenantes (dérangeantes, audacieuses, subversives), quel serait aujourd'hui un moyen de compenser notre époque ?
Personnellement je mise toujours sur cette phrase intraduisible de Daniel Abraham : “In an age of performative cruelty, kindness is Punk as Fuck…Be Punk as Fuck.”
La suprême élégance : abandonner un avantage
Plus que savoir quand saisir une opportunité, la chose la plus importante dans la vie est de savoir quand renoncer à un avantage, explique Benjamin Disraeli.
Renoncer, ce n’est pas une perte, mais un choix stratégique. C’est également un geste d’une suprême élégance. Il se peut même que ce geste ait des bénéfices cachés qui ne se révèlent que bien plus tard comme dans les changements éclairés de carrière ou les refus de promotion.
La peur Vs l’anxiété
La célèbre Coach Martha Beck explique d’une manière claire et distincte la différence entre la peur et l’anxiété.
Voici ce qu’elle en dit :
“La peur est comme un coup de canon. Imaginez qu'une voiture soit tombée sur quelqu'un que j'aime - je ressens un éclair d'énergie clair, calme et intense. Dans cet état, je pourrais soulever la voiture (ce qui s'est déjà produit dans de rares cas). Bien sûr, il faudrait que je l'aime beaucoup ! C'est la peur.
L'anxiété, en revanche, c'est comme être hanté. Vous ne voyez jamais ce qui vous fait peur - c'est juste une histoire dans votre tête qui ne disparaît jamais. Elle est implacable, sans fin, parce qu'il n'y a rien de réel là-dedans. Pourtant, votre cerveau croit que vous êtes en danger en permanence. Vivre dans cet état constant d'adrénaline et de cortisol - les hormones de la lutte ou de la fuite - revient à « cuire » vos organes. Cela conduit à toutes sortes de maladies dégénératives et, naturellement, à une anxiété massive…”.
Ce que tu veux maintenant Vs Ce que tu veux le plus
"Parfois ce dont j'ai envie maintenant est de manger une tablette de chocolat mais ce que je veux le plus c'est d'avoir un corps mince et en bonne santé. Ces deux désirs sont en conflit permanent.»
Cette nuance importante vient de Derek Divers et illustre la tragédie des horizons appliquée à nos vies personnelles.
L'une des premières étapes sur la voie de la sagesse est de distinguer ce que l'on veut maintenant de ce que l'on veut le plus.
Quel sera votre Second Act ?
Quand vous êtes-vous offert pour la dernière fois, un véritable upgrade existentiel ?
Il y a une gigantesque déconnexion à l'œuvre dans la société. On nous dit qu’il y a une app pour ça, une pilule pour ça, une posture de Yoga pour ça, mais la vérité c’est que nous n’avons pas mis à jour nos outils intérieurs de fabrication du sens et de connaissance de soi, y compris au travail, face à une société ou des phases de vie qui ont radicalement changé.
Découvrez Second Act, mon cabinet de transition de vie, un passeport de sérénité pour la deuxième partie de vie.
Les Screenthoughts de la semaine
Maîtrise de l’enthousiasme
La vérité fait “Bang”
Le propre de l’ignorant
Signe des temps et temps des signes
Lacan sur la mort. Un lecteur de Umanz m’a passé ça : qui enseigne aujourd’hui avec autant de charisme, et avec une telle chemise ?
Signal faible : les Golden Suburbia ou Chartered Cities, ces villes privées des 1% connaissent leur premier accroc et un point-de-droit pas inintéressant : la cour suprême du Honduras vient d’interdire les Chartered Cities.
Dans la lignée (real) first things (really) first. The Shift Project et l’Ademe lancent Comprendre 2050.
Comprendre le nouvelle phase de l’hypercapitalisme dans laquelle nous entrons : le capitalisme de la finitude.
C’est tout pour cette semaine je vous retrouve la semaine prochaine avec un nouvelle essai, lui aussi, tout en nuances. D’ici là, bons Rabbit Holes (Plastic Souls, Yeah !) et surtout gardez le cap.
Waloyo Yamoni, nous surmontons le vent.
Cette newsletter est avant tout un projet de cœur. De nombreuses personnes et sociétés me demandent souvent : comment travailler ensemble ? Actuellement, je consacre 80% de mon temps à “Second Act”, mon cabinet de transition de vie. 10% de mon temps à des Keynotes en entreprise sur les Soft Skills élégants: la Curiosité, l’esprit du débutant, l’émerveillement, l’impact, la loyauté, l’art de la conversation etc. Ainsi que des ateliers et séminaires exclusifs pour les comités de direction. Et 10%, par pur plaisir, à une activité de conseil en positionnement et en identité d’entreprise que j’ai gardée de mes anciennes activités chez Google, Reuters et Dow Jones. Elle me permet de produire des contenus uniques, aussi différenciés que des guitaristes punks dans un orchestre de mariachis.
Renoncer c’est un choix stratégique. Absolument! C’est aussi ouvrir d’autres portes vers de formidables opportunités.
Merci. Les points perdus sont derrière nous. Focus sur les points devant