Il y a des sourires qui tiennent le monde, l’autre, celui que nous apercevons de temps en temps mais aussi notre monde intérieur.
Bien sûr ce sont des sourires différents, pas publicitaires, pas forcés, pas instragammables, pas dégradés par la positivité toxique à très courte vue dont nous parle la psychothérapeute Whitney Goodman dans son dernier livre.
Cette semaine, je voulais vous parler de ces sourires que j’ai retrouvés, non pas dans des photos, mais de magnifiques et rares pages.
Nous avons tous reçus ces sourires. Parfois, nous avons été capables de les retourner. Chaque fois ils venaient de gens longs.
Ils ne venaient jamais d’âmes habituées, ces gens de surfaces qu’évoque avec prescience Peguy :
Une âme habituée
"Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée. C'est d'avoir une pensée toute faite. Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise âme et même de se faire une mauvaise âme. C'est d'avoir une âme toute faite. Il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme même perverse. C'est d'avoir une âme habituée. "
Charles Peguy (Note conjointe)
Ces sourires sont rares car il a fallu une vie pour les forger. Ce sont peut-être les plus beaux :
Des sourires et des hommes
Nous avons en tête des milliers de sourires, parmi ceux-ci certains ont laissé une marque indélébile ou d’éternels regrets. Il y a des sourires du matin et des sourires du soir et nous avons tous un jour rencontré un sourire qui nous a transformé.
Il y a ce sourire singulier, certainement mon préféré, rarement rencontré mais éternel, si bien exprimé par Scott Fitzgerald :
“Il me sourit avec une sorte de complicité - qui allait au-delà de la complicité. L'un de ces sourires singuliers qu'on ne rencontre que cinq ou six fois dans une vie, et qui vous rassure à jamais. Qui, après avoir jaugé - ou feint peut-être de jauger - le genre humain dans son ensemble, choisit de s'adresser à vous, poussé par un irrésistible préjugé favorable à votre égard. Qui vous comprend dans la mesure exacte où vous souhaitez qu'on vous comprenne, qui croit en vous comme vous aimeriez croire en vous-même, qui vous assure que l'impression que vous donnez est celle que vous souhaitez donner, celle d'être au meilleur de vous-même.”
Francis Scott Fitzgerald, Gatsby le magnifique (1925)
Il y a ces sourires éclatants, riches et gratuits qu’évoque Raoul Follereau
Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup, Il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne, Il ne dure qu'un instant, mais son souvenir est parfois éternel, Personne n'est assez riche pour s'en passer, Personne n'est assez pauvre pour ne pas le mériter, Il crée le bonheur au foyer, soutient les affaires, Il est le signe sensible de l'amitié, Un sourire donne du repos à l'être fatigué, Donne du courage au plus découragé Il ne peut ni s'acheter, ni se prêter, ni se voler, Car c'est une chose qui n'a de valeur qu'à partir du moment où il se donne. Et si toutefois, vous rencontrez quelqu'un qui ne sait plus sourire, soyez généreux donnez-lui le vôtre, Car nul n'a autant besoin d'un sourire que celui qui ne peut en donner aux autres.
Raoul Follereau
Il en est d’autres plus énigmatiques et retenus qui disent le recul et le pas de côté comme cet étrange sourire distant de Marguerite Yourcenar si bien décrit par Mathieu Galley
" Elle contemple le monde en face, et les hommes, avec un amour abstrait qui peut faire peur, comme celui des saints. Mais elle a en elle des feux qu'on devine.
Malgré son sourire de Minerve, si retenu et même un peu distant, c'est une visionnaire qui vous contemple, de ce oeil bleu où se retrouve, intacte sous la paupière alourdie, l'innocence glacée de l'enfant, devant un monde qui croule."
Mathieu Galley, Dans “Les Yeux Ouverts : Entretiens avec Marguerite Yourcenar”
Il y a aussi des sourires qui ont vécu. Des sourires marqués qui portent en eux le charme et la densité d’une vie comme ce sourire capté l’espace d’ un instant fugace par Blaise Cendrars
C'est une femme de cœur. Elle a de la branche. Dans un visage d'un bel ovale, des yeux immenses que voile, je ne dirai pas une énigme ou de la tristesse, mais un mystérieux sourire, un peu battu et par moments presque effacé.
Je suppose qu'elle a trop vécu et qu'elle en a de la répulsion. Il ne sied pas à une noble de faire deviner un besoin. Je la devine insatisfaite. Qui va contre ses désirs va à sa perte.
Blaise Cendrars, (Emmène moi au bout du monde)
Il y a enfin ces sourires de joies pures, ces sourires fantasques des grands amoureux, ceux qui peignent les jours de nouvelles couleurs
Oui, j’ai besoin de toi, mon conte de fées. Car tu es la seule personne avec laquelle je puisse parler — de la nuance d’un nuage, du chant d’une pensée, la seule à qui je peux dire qu’aujourd’hui, en partant travailler, j’ai regardé en face un grand tournesol et il m’a souri de toutes ses graines. »
Lettre de Nabokov à sa femme Vera
3 Tweets sinon rien
Poème de Jacques Prévert à Picasso
Une nouvelle discipline Olympique ?
L’esprit des livres
Les Screenthoughts de la semaine
Le perfectionnisme Vs la vie
Les observateurs de phrases
La vérité sur les prédictions
Un petit peu de poésie
Louis Armstrong jouant devant sa femme, Lucille Winston, en 1961 en face de pyramide de Gizeh.
Les jours d’écume
Voici pour finir quelques pépites extraites des revues de presse réalisées pour nos clients corporate :
🤖 L’automatisation peut attendre. Les économistes revoient leurs prévisions sur les robots mangeurs de jobs
💬 Signal faible : les GroupChats pandémiques ne font plus recette
📓 Et si vous ouvriez votre carnet d’adresse pour soutenir l’égalité des chances
🌌 Littéralement : l’entertainment de l’espace
🧘 McKinsey a reniflé l’odeur de l’argent (et de la consolidation) sur le marché du Wellness
✈️ Petit deviendra grand. Le premier (petit) avion électrique de transport passager déploie ses ailes
🔊 Le WTF du WTF : le ChatBot abuse
🤬 5700 incidents contre 150 en moyenne aux US…Plus d’épisodes cette année qu’en 30 ans de transport aérien. Pourquoi cette épidémie d’épisodes de “colère aérienne”.
#fridayconfession : la question que je me pose chaque semaine
C’est tout pour cette semaine, rendez vous la semaine prochaine pour de nouvelles nuances de sens. Excellent week-end et, toujours, gardez le cap.
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