Nous sommes donc entrés dans le cycle de la défiance selon Edelman dont le baromètre constate chaque année le glissement et la fragilité de ce sentiment envers toutes les institutions établies : le gouvernement, les entreprises et les médias. La mesure est sans appel : 1 personne sur 2 considère le gouvernement et les médias comme des forces de divisions (les entreprises s’en sortent mieux).
Parallèlement la défiance touche les marchés financiers, éteignant l’euphorie artificielle et confirmant, une nouvelle fois la prophétie tristement répétitive du légendaire financier Sir John Templeton :
"Les quatre mots les plus chers de la langue anglaise sont : "Cette fois, c'est différent".
Ma conviction : si nous voulons construire un futur commun (le voulons-nous ?) au delà des débats stériles, dogmatiques et partisans, la confiance et sa sœur jumelle, la dignité, seront des données clés de la présidentielle.
Cette semaine, nous accueillons sur Umanz, Xavier Camby, un spécialiste du leadership qui nous livre ses réflexions sur le management de la confiance. Je vous en parle tout de suite.
N’oublions pas aussi que le futur est à construire et inventer. Le retour de la confiance passe donc aussi par l’espoir aujourd’hui obscurci. Je partage donc avec vous cette semaine cette petite lueur spirituelle d’espoir qui nous vient de Rilke :
La futur qui attend ta naissance
Tu dois donner naissance à tes visions. Elles sont faites du futur qui attend sa naissance. Ne crains pas le sentiment étrange qui t'habite.
Le futur doit vivre en toi bien avant qu'il ne survienne. Tu n'as qu'à attendre la naissance, l'aube d'une nouvelle clarté.
Rainer Maria Rilke
Manager à la confiance
Alors que 2022 est à peine entamé, le travail reste suspendu entre contraintes sanitaristes et intense productivité – et les pénuries nombreuses ne semblent guère le retarder.. Peut-être avons-nous un peu appris, depuis le début de cette pandémie – désormais devenue endémique ; ce qui impliquerait que son éradication passe par bien d’autres méthodes que celles d’une gestion de crise…
Le renouveau du travail à domicile – il s’agit en effet d’une très ancienne pratique – transforme peu à peu nos relations salariées : les espaces de libre organisation personnelle (travail asynchrone et distant) mettent en relief l’indispensable collaboration, faite d’humaines relations ; la numérisation ou la digitalisation achoppent face à l’insécurité systémique d’internet et à la lassitude des écrans impersonnels ; l’évaluation de la valeur ajoutée authentiquement créée se substitue peu à peu au seul pauvre décompte du temps passé ou de l’opiniâtreté des efforts…
Cette nouvelle organisation du travail emporte avec elle une drastique réduction des contrôles. Et consécutivement, une inflation de la confiance. Bon gré mal gré pour certains, avec enthousiasme pour le plus grand nombre. Quelques-uns l’avaient même anticipé, déclarant vouloir faire de cette confiance le moteur premier de la motivation professionnelle. Suffit-il pourtant de s’y résoudre ou de la vouloir, pour créer la confiance ? De la décréter pour en faire une efficace méthode de management ?
Qu’est-ce que la confiance ?
Un aphorisme apocryphe (attribué à Vladimir Illich Oulianov, dit Lénine) fleurit en tout lieu, affirmant, dogmatique et péremptoire, que « la confiance – ou la délégation – n’exclut pas le contrôle ». Nous avons tous l’expérience concrète que rien n’est plus faux ! Si j’ai confiance dans mon conjoint, vais-je mettre un traceur dans ses affaires ou sur son portable ? Si j’ai confiance en mon enfant, vais-je contrôler chacun de ses faits et gestes ? Si je reçois des amis chez moi, vais-je fouiller leurs poches avant leur départ ? Ainsi, la confiance authentique se vérifie en ce qu’elle exclut tout contrôle, par définition même.
Un général d’armée récemment rencontré, affirmait – métaphore hardie – que « la confiance, c’est comme une allumette, ça ne sert qu’une fois ! ». Là encore, l’image est fallacieuse : nous savons d’expérience que la confiance se créé peu à peu, avec patience et bienveillance, au gré de relations véritables, mais variables et fragiles. Et qu’elle peut se restaurer, lorsqu’abimée, par simple humanité et dans la vérité.
L’étymologie nous donne une clé pour comprendre la réalité anthropologique de la vraie confiance. Il s’agit d’une foi (et non d’une certitude) réciproque, l’un dans l’autre ! Partagée. Échangée. Cette une relation se construit à deux, dans une indispensable et absolue symétrie. Ainsi, une confiance prétendument unilatérale constituerait alors un redoutable non-sens et la confiance en soi se révèle être un bien ambigu abus de langage… Ne serait-il pas plus exact de parler de foi en soi (ou assurance), qui deviendrait confiance dès que partagée par un autre ?
Comment créer ce « management à la confiance », auquel tant aspirent, dans nos belles organisations ? Et comment éviter d’engendrer ses contraires, la méfiance ou la défiance. Mesurons-nous vraiment l’impact de nos messages – symboliques mais puissants – au gré des méthodes héritées du passé, que nous envoyons à l’ensemble de nos collaborateurs ? Des injonctions paradoxales et négatives aux assessments interminables ou aux tests de personnalité divinatoires – et presque secrets, des KPI aux reportings en passant par les pack- slide et les révisions budgétaires incessantes, des cahiers des charges aux évaluations périodiques, des excès procéduriers aux dérives réglementaristes, des entretiens de « recadrage » aux contrats de travail pointillistes, des objectifs individuels imposés aux rémunérations conditionnelles, de nos impatiences inutiles à nos récurrentes procrastinations… quelles définitives défiances créons-nous ? Involontaires sans doute, mais pour autant bien réelles ? Par répétition, par symétrie autant que par mimétisme ? Et « quand on n’arrive pas à créer la confiance, on instaure la peur ! » remarquait très justement Alain Duhamel.
Jamais, quoi qu’on en veuille, la confiance ne pourra se décréter, se feindre ni s’imposer ! Il nous reste encore tout un nouveau monde de confiance laborieuse à réinventer, sans peur et sans aucun doute en rupture avec nos routines passéistes ou de nos paradigmes éculés… C’est le vœu que de grand cœur je forme pour nous tous, tout au long cette année de profond renouveau.
Xavier Camby est le CEO et fondateur d'Essentiel Management Conseil
3 tweets sinon rien
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L’optimisme augmenté
Démainstreamisation : bonne nouvelle, l’originalité revient
Lu dans Variety à propos de la vague de films hyper originaux au festival de Sundance :
“Le succès récent de ces offres bizarres s'explique par le fait que le public d'aujourd'hui est plus avisé que jamais. Ils a grandi inondé de suites et de séries, de reboots et de rediffusions, absorbant d'innombrables versions des mêmes histoires au cours de leur vie, à tel point qu'ils peuvent prédire ce qui va suivre dans la plupart des films grand public. Ils ont consommé leur part de directors cut et d’extraits backstage, et beaucoup se sont essayés eux-mêmes à la réalisation de films.”
L’appétit pour la similarité se réduit et c’est une bonne nouvelle.
🤔La fatigue de la vie en mode projet permanent selon le Philosophe Kieran Setiya
'“votre engagement dans les projets se pervertit lui-même. En poursuivant un objectif, soit vous échouez, soit, en réussissant, vous mettez fin à son pouvoir de guider votre vie. Vous pouvez sans doute formuler d'autres projets. Le problème n'est pas que vous soyez à court de projets (l'état sans but de l'ennui de Schopenhauer), c'est que votre façon de vous engager dans ceux qui vous importent le plus est d'essayer de les terminer et donc de les expulser de votre vie.
Lorsque vous poursuivez un objectif, vous épuisez votre interaction avec quelque chose de bon, comme si vous deviez vous faire des amis pour leur dire au revoir.
D'où une figure commune de la crise de la quarantaine : celle de la personne ambitieuse, obsédée par l'accomplissement des choses, hantée par le vide de la vie quotidienne. Quand on est obsédé par les projets, remplaçant sans cesse le vieux par le neuf, la satisfaction est toujours dans le futur. Ou le passé.
Elle est hypothéquée, puis archivée, mais jamais possédée.
En poursuivant des objectifs, vous visez des résultats qui excluent la possibilité de cette poursuite, éteignant les étincelles de sens dans votre vie.
NFT Extravaganza
Le compte rendu très WTF de NFT.NYC, le plus gros event NFT à New York : “Toute la semaine à New York, la myriade de fêtes et de meetups Token Only ont appliqué des filtres sociaux basés sur la propriété digitale.
Les billets pour ces événements ne pouvaient être achetés qu'après avoir connecté votre portefeuille de crypto-monnaies et prouvé que vous déteniez les bons NFT. Dans toutes les soirées, les personnes les plus cool étaient toujours les "baleines", des personnages semi-mythiques qui possèdent plus de 1 000 ETH (3 millions de dollars au moment de la rédaction) en actifs numériques.”
Les Screenthoughts de la semaine
Quelles sont tes gammes de piano ?
L’opinion auto-persuasive
La gestion du portefeuille d’opinions
Confiance et Big Cycle selon Ray Dalio
Les pépites de la semaine
🌳 Nature Deficit Disorder : le déficit de nature est-il l’une des causes du pic de maladies mentales ?
🍸 Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Oh, presque rien, je suis imprimeur de boissons moléculaires
🧪 La nouvelle obsession de la Silicon Valley (et non ce n’est pas le Web3)
👨⚖️ Après le big quit, le Presidential Quit….Signal faible : Un président quitte son poste pour “manque d’influence sur les événements”
🤯 Weid as a service : au Brésil, les Narcos prêcheurs pentecotistes
⚔️ Une battle royale de micro-content. Les influencers de Tiktok ne gagnent de l’argent qu’à partir de 1 millions d’abonnés.
🗱 Le grand éclatement : de la bulle des startups ? Ou de tout selon Jeremy Grantham de GMO ?
🩳 Enfin, ne plongez pas aveuglement pas dans le Web3 sans avoir vu ce taillage de short informé et circonstancié.
C’est tout pour cette semaine, rendez vous la semaine prochaine pour de nouvelles pépites de sens. Excellent week-end et, plus que jamais dans ce monde weird as a service, gardez le cap.
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