La lettre de Umanz : 🖋️ Good Ancestor
“Combien de fois entendez vous parler du XXIIème siècle. On ne parle jamais du XXIIème siècle. Nous n’avons plus de futur en ce sens où nous n’avons plus ce genre d’anticipation culturelle” soulignait l’écrivain de Science-fiction William Gibson l’année dernière dans le New-Yorker.
Comment (re)penser le futur ? Comment rester innovant et audacieux ?
La question du “bon ancêtre” hantée par le spectre du dérèglement climatique est une question qui divise (le doit-elle ?) et tout le monde perçoit que les guerres générationnelles sont encore devant nous (doivent-elles l’être ?).
Dans ces perspectives tendues, dans cette rupture de l’idée même d’avenir, le sujet du “good ancestor” porté par Roman Krznaric est fondamental pour éviter la fameuse “tragédie des futurs”.
La vérité est qu’il nous faut peut-être changer d’état d’esprit pour comprendre cette notion fascinante. C’est pourquoi j’ai souhaité partager avec vous, en préambule, cette fabuleuse histoire rapportée Carl Jung relatant sa rencontre avec les Indiens pueblos :
Nous pensons ici
En 1924, lors d’un voyage le célèbre Psychanalyste Carl Jung rencontre un chef Indien Hopi nommé Ochwiay Biano ou “Lac des montagnes”. Une rencontre surprenante et inspirante qui changea le cours de sa vie :
« Mon voyage …me conduisit … chez les indiens du Nouveau-Mexique, les Pueblos…… »
C’est là que j’eus pour la première fois la chance de parler à un non Européen, c’est-à-dire à un homme qui n’était pas de race blanche. Il était le chef des Taos Pueblos, homme intelligent de quarante à cinquante ans. Il s’appelait Ochwiay Biano – lac des montagnes. Je pus lui parler comme j’avais rarement parlé à un Européen.
« Vois, disait Ochwiay Biano, comme les blancs ont l’air cruels. Leurs lèvres sont minces, leurs nez pointus, leurs visages sont sillonnés de rides et déformés, leurs yeux ont un regard fixe, ils cherchent toujours. Que cherchent-ils ? Les blancs désirent toujours quelque chose, ils sont toujours inquiets, ne connaissent point le repos. Nous ne savons pas ce qu’ils veulent. Nous ne les comprenons pas, nous croyons qu’ils sont fous ! »
Je lui demandai pourquoi donc il pensait que les Blancs étaient tous fous.
Il me rétorqua : « Ils disent qu’ils pensent avec leurs têtes ».
– Mais naturellement ! Avec quoi donc penses-tu ? demandai-je étonné.
– « Nous pensons ici », dit-il en indiquant son cœur.
Je tombai dans une profonde réflexion. Pour la première fois de ma vie, me sembla-t-il, quelqu’un m’avait donné une image du véritable homme blanc.
C’était comme si, jusqu’alors, je n’avais perçu que des reproductions colorées, sentimentalement enjolivées. Cet Indien avait trouvé notre point vulnérable et mis le doigt sur ce à quoi nous sommes aveugles.»
Extrait de “Ma Vie” par Carl Gustav Jung
Good ancestor : l’altruisme du futur
“Nous avons colonisé le futur et les générations futures ne sont pas encore là pour challenger notre héritage”
Être un bon ancêtre, selon Roman Krznaric auteur d’un livre sur le sujet, c’est savoir penser à long terme et prendre les bonnes décisions pour les générations futures. C’est donner une voix présente à ceux qui ne peuvent s’exprimer aujourd’hui.
Dans les prochaines 200 années, 10 milliards de nouvelles personnes naitront sur terre, quels regards porteront elles sur nous ?
Evaluer
Comment guérir le futur ? Pour Roman Krznaric, les bons ancêtres sont avant tout des rebelles du temps.
On les retrouve parmi les architectes Japonais du “design métabolique” ou dans le principe des décisions à 7 générations pratiquées par de nombreuses tribus amérindiennes. Le but : établir une pensée longue visant à dépasser les mirages de la réflexion politique électoraliste à court-terme.
Concrètement, les Japonais du mouvement du futur design travaillent de la façon suivante : “Les habitants sont invités à des réunions publiques pour discuter et élaborer des plans pour les villes où ils vivent. Ils commencent par discuter des problèmes du point de vue d’un habitant actuel. On leur remet ensuite des robes jaunes de cérémonie et on leur demande de s’imaginer en tant qu’habitants en 2060.”
Le résultat ? le groupe “2060” prend des décisions beaucoup plus innovantes et audacieuses en termes de système de santé ou de politique climatique.
La défense des droits futurs
Des mouvements inspirés de la notion de “Bon ancêtre” comme le Children Trust, défendent les droits des générations futures via un recours contre le gouvernement américain. Le célèbre cas Juliana V. Us government
En France, l’affaire du siècle adopte la même démarche. Cette défense légale des générations futures fait également des petits en Ouganda, en Hollande, au Pakistan et en Colombie.
Les prochaines étapes, établir des droits moraux pour la nature et l’inviolabilité de certains sites et richesses naturelles : La rivière Whanganui en Nouvelle Zélande, Le Gange et le Yamuna en Inde,
On retrouve également cette logique de Good ancestor dans la réserve mondiale des semences du Svalbard en Norvège. Cette « Chambre forte mondiale de graines» soutenue par le Le Global Crop Diversity Trust et la Gates fondation contient à ce stade, sous une montagne de grès à 120 mètres de profondeur, près de 1 million de graines d’espèces alimentaires telles que le maïs, le riz, le blé, le niébé, le sorgho, l’aubergine, la laitue, l’orge et la pomme de terre. Le building est conçu pour durer plus de 1000 ans.
Prendre soin de l’endroit qui prend soin de mes enfants
Les principes du Good ancestor sont simples et inspirés de la spécialiste du biomimétisme : Janine Beyus. Ils visent à revivifier les grands enseignements de 3,8 milliards d’années d’évolution des écosystèmes ou d’espèces vivant sur terre depuis plus de 10.000 ans autour d’une leçon simple :
“ne pas détruire son nid”.
En bref, les deux principes du Good ancestor sont d’allonger le temps et de régénérer l’habitat.
Se décaler
In fine, pour permettre de surmonter la fameuse et redoutable “tragédie des futur”, la notion de Good Ancestor implique une ouverture et une capacité a réévaluer ses principes, ses convictions et ses opinions.
Comme l’explique le psychologue Adam Grant : “Penser plus loin ne signifie pas toujours que vous devez changer d’avis, mais cela signifie que vous êtes ouvert à la possibilité de réexaminer et de reconsidérer vos pensées et vos croyances.”
3 tweets sinon rien
Celui-là (travail et argent). Celui-ci (le début de toutes les grandes histoires). Et celui-là aussi (la pensée de long terme)
L’autre tragédie des futurs
Les ScreenThoughts de la semaine
Les ScreenThoughts sont de grandes ou petites pensées capturées ailleurs.
Cette semaine :
Le meilleur conseil d’achat
Le temps et l’attention
Anecdote VS Data
Ecoute le mec à la vareuse
“Je n’aime que les gens qui recèlent de l’infini”
Remy de Gourmont
Muy Interesting
On finit avec les pépites de la semaine issues des revues de presse thématiques réalisées pour nos clients :
🏎️ La première course de voitures…volantes.
🧠 La divagation : clé du futur de l’AI.
👩💻 Les grands gagnants et les grands perdants du Work From Home (WFH).
🤖 L’éthique de l’intelligence artificielle et le capitalisme des parties prenantes sont étroitement liés.
👨🍳 “Patience et longueur de temps”....Le creuset, une marque de cuisine française devenue “iconic” aux US.
🌟 Le futur des agences de talent virtuelles et le boom du Virtual You Tube
C’est tout pour cette semaine. Je vous retrouve la semaine prochaine pour d’autres pépites de sens, d’ici là, gardez le cap.
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