La lettre de Umanz :✍️ Hiver créatif, Crise ou Aventure et 3 autres Nuances as a Service
« Quand on est jeune, on vénère ou on méprise sans y mettre encore, cet art de la nuance qui forme le meilleur acquis de la vie, et l'on a comme de juste à payer cher pour n'avoir su opposer aux hommes et aux choses qu'un oui ou un non.»
Friedrich Wilhelm Nietzsche
Bienvenue sur Umanz, une lettre où un non-automate parle à des intelligences naturelles,
Parfois quand je me présente dans les dîners je dis simplement fournisseur de nuances. Pour être très honnête, ma femme contesterait ce terme ( preuve que nul n’est prophète etc, etc).
Je poursuis néanmoins mon patient recueil de nuances et cette semaine, je voulais partager avec vous quelques nuances délicates recueillies ces derniers mois.
Avant cela, je souhaiterais vous soumettre un texte qui me tient très à cœur, celui des adieux d’Yves Saint Laurent, il a toujours eu une vision courageuse et très personnelle de la nuance et des frontières. Il a toujours su déceler qu’aucune nuance n’existe sans une honnêteté radicale.
Il prouve que la nuance est à la fois un produit de la vérité et d’un regard aigu sur les gens et les choses.
C’est notre texte méditatif de la semaine :
«Mesdames et messieurs, je vous ai conviés pour vous annoncer une nouvelle importante. J’ai eu la chance de devenir, à 18 ans, l’assistant de Christian Dior, de lui succéder à 21 ans et de rencontrer le succès dès ma première collection en 1958. Depuis, j’ai vécu pour mon métier et par mon métier. Je veux rendre hommage à ceux qui ont guidé mon action et m’ont servi de référence. Tout d’abord Christian Dior qui fut mon maître. Balenciaga, Schiaparelli. Chanel, bien sûr [.].
«En ouvrant en 1966, pour la première fois au monde, une boutique de prêt-à-porter à l’enseigne d’un grand couturier, j’ai conscience d’avoir fait progresser la mode et d’avoir permis aux femmes d’accéder à un univers jusque-là interdit. Comme Chanel, j’ai toujours accepté la copie et je suis très fier que les femmes du monde entier portent des tailleurs-pantalons, des smokings, des cabans.
Je me dis que j’ai créé la garde-robe de la femme contemporaine, que j’ai participé à la transformation de mon époque. Je l’ai fait avec des vêtements, ce qui est sûrement moins important que la musique, l’architecture, la peinture, mais quoi qu’il en soit, je l’ai fait. On me pardonnera d’en tirer vanité, mais j’ai cru que la mode n’était pas seulement faite pour embellir les femmes, mais aussi pour leur donner confiance, leur permettre de s’assumer. Je me suis toujours élevé contre les fantasmes de certains qui satisfont leur ego à travers la mode. J’ai, au contraire, voulu me mettre au service des femmes. C’est-à-dire les servir. Servir leur corps, leurs attitudes, leur vie. J’ai voulu les accompagner dans ce mouvement de libération que connut le siècle dernier.[.]
Je veux remercier ceux qui m’ont fait confiance. Michel de Brunhoff qui me conduisit chez Christian Dior. Mack Robinson [.], Richard Salomon, Pierre Bergé, bien sûr. Il m’est impossible de citer tous les premiers et premières d’atelier qui m’ont accompagné. Pourtant, qu’aurais-je fait sans eux? Tous les ouvriers et ouvrières dont le dévouement admirable m’a tellement aidé [.]. Je veux remercier les femmes qui ont porté mes vêtements, les célèbres et les inconnues [.].
J’ai toujours placé au-dessus de tout le respect de ce métier qui n’est pas tout à fait un art mais qui a besoin d’un artiste pour exister. Je pense que je n’ai pas trahi l’adolescent qui montra ses premiers croquis à Christian Dior [.]. Tout homme pour vivre a besoin de fantômes esthétiques. Je les ai poursuivis, traqués. Je suis passé par bien des angoisses, bien des enfers. J’ai connu la peur et la terrible solitude. Les faux amis que sont les tranquillisants et les stupéfiants. La prison de la dépression et celle des maisons de santé. De tout cela, un jour je suis sorti, ébloui mais dégrisé. Marcel Proust m’avait appris que «la magnifique et lamentable famille des nerveux est le sel de la terre». J’ai, sans le savoir, fait partie de cette famille [.].
Les plus beaux paradis sont ceux qu’on a perdus. Pourtant j’ai choisi aujourd’hui de dire adieu à ce métier que j’ai tant aimé[.]. Je veux vous remercier, vous qui êtes ici et ceux qui n’y sont pas, d’avoir été fidèles aux rendez-vous que je vous ai donnés depuis tant d’années. De m’avoir soutenu, compris, aimé. Je ne vous oublierai pas.»
Extraits du discours d’adieu d’Yves Saint Laurent (Libération du 8 janvier 2002)
Hiver créatif, Crise ou Aventure et 3 autres Nuances as a Service
L’ hiver est créatif
L’hiver est créatif nous explique l’écrivaine Katherine May dans Wintering. C’est une période de pause où les choses et la nature se recréent. Voici ce qu’elle en dit :
"Les plantes et les animaux ne luttent pas contre l'hiver, ils ne font pas comme si ce n'était pas le cas et ne tentent pas de continuer à mener la même vie qu'en été. Ils se préparent. Ils s'adaptent. Ils accomplissent des actes extraordinaires de métamorphose pour traverser la saison.
L'hiver est une période où l'on se retire du monde, où l'on maximise les maigres ressources, où l'on accomplit des actes d'une efficacité radicale et où l'on disparaît de la circulation ; mais c'est là que la transformation se produit.
L'hiver n'est pas la mort du cycle de vie, mais son creuset."
Un proche besoin de distance
Souvent la distance est un mécanisme de défense très élaboré. C'est ce qu'explique l'écrivain Karl Ove Knausgård
"Toute ma vie d'adulte, j'ai gardé une distance avec les autres, c'était ma façon de faire face, parce que je deviens si incroyablement proche des autres dans mes pensées et mes sentiments, qu’ à tous les coups, il leur suffit de détourner le regard avec dédain pour qu'une tempête éclate en moi."
L'intérêt par le dénigrement
Le dénigrement est-il ce geste enfantin d'intérêt masqué ? Il semblerait que chez certains, le dénigrement soit révélateur. C'est par exemple ce que Cocteau, subtil observateur des âmes, avait mis à jour chez Picasso :
"Chaque fois que Picasso s'intéresse à quelque chose, il la dénigre. Il a ceci de commun avec Goethe. Il comble d'éloges ce qui ne le dérange pas."
Et vous, quels sont vos dénigrements révélateurs ?
Les forces à durée limitée
“Il arrive un âge où nos plus grandes forces deviennent des faiblesses flagrantes” explique Tim Ferriss.
Il y a des avantages qui deviennent à la longue des désavantages et des talents qui se transforment en défauts.
Il est crucial et particulièrement difficile de savoir distinguer ces forces éphémères, ces faux avantages bientôt périmés .
C’est une question de connaissance de soi, pourtant ces "forces à durée limitée" qui creusent de larges désavantages sont les plus dures à identifier…et à abandonner.
Une crise ou une aventure ?
À première vue, tout semble distinct entre une crise et une aventure. Mais puisque nous rentrons dans le nième avatar de nos polycrises, cette petite nuance de Betrand Piccard intervient à point nommé pour nous rappeler que les nuances aussi sont une question d’état d’esprit.
Et voici la nuance rafraichissante qu’il nous propose :
“La crise, c’est une aventure qu’on refuse, l’aventure, c’est une crise qu’on accepte.”
Les Screenthoughts de la semaine
Religion Vs Spiritualité
Le grenier du cerveau
La profondeur Vs l’audience
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Comment le monde est devenu bizarre ?
Qui sont les TESCREAL ?
Connaissez vous les TESCREAL ? Si vous êtes un Extremely Online vous avez peut être déjà croisé ce terme qui signifie Transhumanism, Extropianism, Singularitarianism, Cosmism, Rationalism, Effective Altruism, et Longtermism. Une joyeuse assemblée de post-randiens dystopiques qui serait très sérieusement en train de nous préparer un futur hyperlibertarien ressemblant à çà.
Signe des temps / Temps des signes
Le très sérieux Rebellion Research, think tank réputé spécialisé dans le machine learning pointe la surévaluation de NVIDIA et la Tulipmania croissante sur l'AI.
Le retour du Win/Loose : les gens croient de plus en plus en un monde de jeux à somme nulle…Quelles implications sur le futur ?
Le Fediverse ? Un espoir pour le Social Media à l’époque des jardins clos (walled gardens).
Il y a deux ans, avec Marie Dollé, nous avions évoqué la Weirdisation extrême du monde. Aujourd'hui c’est LinkedIn qui glisse en mode hyperweird.
Les animaux parlent et le fossé cognitif entre humains et espèces animales se réduit.
C’est tout pour cette semaine. Je vous retrouve la semaine prochaine avec une nouvelle rubrique : les bouchées contemplatives et autres poudres de fées.
Bon week-end et toujours, gardez le cap🧭.
Waloyo Yamoni, nous surmontons le vent.
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