La lettre de Umanz : ✍️Il y a des gens qui existent
(Crédit Illustration : Albert Einstein et son ami David Rothman à Southfold - Private collection David Rothman)
« Nous nous rappelons parfois une tendresse passée et nous réalisons qu’il y a eu des moments où les pensées de nos amis étaient si pures et si élevées qu’ils nous traitaient non pas comme ce que nous étions mais comme ce que nous aspirions d’être. »Henry David Thoreau
L’amitié est l’un des biens non marchand les plus précieux, c’est aussi un entonnoir relationnel.
Les lecteurs de Umanz connaissent l’une de mes obsessions : les gens rares sont rares. C’est pourquoi, à quelques semaines des fêtes, je voulais rendre hommage une nouvelle fois aux gens longs et particulièrement, à ceux qui ont le courage d’exister vraiment, à travers un magnifique texte de Bessière qui ouvre cette semaine la lettre de Umanz.
Après ce petit détour méditatif, je vous parlerai d’un étrange -mais pas si étonnant retour en grâce- celui des Carnets d’inspirations ou des Commonplace books comme les anglais les appellent.
Il y a des gens qui existent
Il y a des gens qui « existent » pour nous. Peut-être ne les avons-nous vus, aperçus, qu’une seule fois.
Peut-être en avons-nous seulement entendu parler.Cependant ils sont parmi ces témoins intérieurs qui nous accompagnent, qui nous sont force et lumière pour vivre.
Tel souvenir, telle image d’homme ou de femme m’aide à vivre depuis des années. J’ai besoin de savoir que ce sourire, cet humour, ce regard
sont toujours vivants, même de bien loin dans l’espace et dans le temps.
Si je savais qu’ils se sont éteints, le monde et ma vie en seraient ternis et affaiblis. Comme si l’on annonçait que désormais il n’y aura plus d’étoiles.Ces êtres crient la vie. Ils sont source, pour beaucoup,
fontaine vive de liberté, chant d’humanité.Bien au-delà du sommeil de la mort, leur parole, leurs gestes, leur visage unique donne la vie. La contagion de leur être, jusqu’où ira-t-elle, fécondité sans limite ?
Même si je n’y donne pas un instant de pensée, j’ai besoin de l’herbe de la colline, des chœurs des grillons l’été, des enfants partout dans le monde : je suis tissé de tous ces êtres. Mais comme j’ai besoin de la silhouette et de la démarche
des compagnons intimes de ma vie…Et peut-être qu’eux aussi, à quelques paliers de la mémoire vivante qui nourrit la ferveur de leur visage, ont besoin de me reconnaître et de savoir que je suis toujours le frère entré chez eux.
Gérard Bessière, 2 février 1970
À la Une cette semaine :
Commonplace books : capturer la merveille
Les anglo-saxons les appellent Commonplace books. En France on les trouve parfois sous le nom de carnets d'inventions ou carnets d'inspirations. Les Commonplace books sont une idée puissante, si puissante qu'elle se déporte aujourd'hui sur le digital sous des formes sans cesse renouvelées sur Google Docs, Roam Research ou Notion.so.
Un cabinet de curiosité dans ta poche
Ce sont en fait des cabinets de curiosité de poche. Un jour on y recueille une sensation rare, un autre, une découverte inédite. Les Commonplace Books sont des capteurs de merveilles.
Mais la vraie magie des Commonplace Books se produit le jour étrange où l'on va les relire et faire émerger de nouvelles idées, comme un deuxième sens. Un sens proche du sur-sens Jungien.
On s'apercevra alors, que toutes ces années, on suivait le même fil, on tissait la même histoire. Les Commonplace Books relient et nous permettent de nous relier aux autres et au monde.
Des Stabilo Boss de l'âme
Car que disent les Commonplace Books de nous ? Ils articulent ce que nous essayons désespérément de ramener á la surface et d'agripper dans le monde. Ce sont des miroirs et des Stabilo Boss de l'âme.
Ils ressuscitent nos sentiments enfouis dans les idées des autres. En parlant des Commonplace books, Nicholson Baker confiait: "mes propres neurones hérissés de soucis se fondent dans le solvant puissant de la grammaire des autres."
D’accessoires, ils deviennent vite indispensables. À l’image d'autres objets étranges destinés à nous sortir de la bouillie des jours, ce sont des talismans thérapeutiques.
Comme l'explique Tiago Forte, en ranimant la pratique des Commonplace Books, nous pouvons endiguer la pollution et l'avalanche informationnelle, pour la diriger avec douceur et patience vers l'intemporel et le privé.
Au début, on croit que les Commonplace books sont des carnets d’inspirations, ce sont en fait des carnets de conversations.
In fine, ces totems mémoriels nous permettent jour après jour d'être au monde et de rassembler patiemment des fragments de nous mêmes.
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C’est tout pour cette semaine. Je vous retrouve la semaine prochaine pour le retour des idées qui murmurent. D’ici là, ouvrez un Commonplace Book, commencez à écrire, et surtout, comme toujours, gardez le cap.
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