La lettre de Umanz : 🖋️les gens que je trouve irrésistibles
Beaucoup d’échanges avec vous ces deux dernières semaines sur la précédente lettre de Umanz consacrée à l’amour.
…Et de l’espoir aussi. Dans quelques semaines, nous allons de nouveau sortir à tâtons, travailler à tâtons, juste un peu usés, juste un poil hésitants. Revivre et réapprendre à vivre avec toujours cet étrange filtre émotionnel, ce manque de physicalité, cette nostalgie sourde du tactile.
En cette semaine de rentrée, je voulais aussi vous parler du Slow Management, une façon de faire un pas de côté face aux fausses urgences, aux injonctions du court-terme, au panic-working... Une approche pour éviter les errements du management hyper-performatif, bien connues de l’occupé 3.0.
Mais avant cela, tradition oblige, commençons cette semaine avec ce compliment de toute beauté aux “gens irrésistibles”, ceux qui ont gardé leur âme en vie, ceux qui dans cette vie empêchée nous ont permis de tenir. Un petit exercice d’admiration qui nous vient d’Anaïs Nin :
"Les gens que je trouve irrésistibles sont ceux en qui l'enfant n'est pas mort. Les qualités d'ouverture, confiance, curiosité, tendresse, impatience, enthousiasme et d'autres encore, indéfinissables...proviennent de l'enfant qui est en nous et sont une source de charme. Le rire et le sourire que l'on ne calcule pas... la spontanéité qui n'est pas limitée... Je n'arrive pas à me rappeler d'un charme adulte et j'ignore jusqu'à son existence."
A la Une cette semaine
Et si l’on passait au Slow Management ?
A l’âge des accélérations et des incertitudes, y a-t-il encore une place pour le Slow Management ?
Dan Kärreman de la Copenhagen Business School, André Spicer de la Cass Business School et Rasmus Koss de l’Hartmann University auteurs d’une étude sur la question se sont interrogés sur les dérives du “Junk Fast Management” et l’injonction du changement permanent.
Décryptage en 6 idées clés :
Le Slow Management est inspiré du mouvement slow food et aspire à faire moins et mieux. Moins de “ce qui brille”, à l’écart de la mode des idées de masses. Il consiste à s’attacher au contexte et l’aspect artisanal du management, spécifiques à certaines industries et pratiques. Il vise le long terme et peaufine des “compétences” difficilement transmissibles sur étagère.
Sortir du “Fashion Management”
Les principes du Slow Management consistent à dépasser les idées et les normes de rationalité, d’efficacité et de progrès. Ils posent deux questions fondamentales : celle de la saturation, bien réelle, des techniques de management au sein des organisations et celle de l’idée simpliste que toute implémentation d’une idée marche naturellement.
Il propose de voir les idées à l’aune de la pratique, de leur mise en place et de leur l'exécution.
Sortir de l’organisation Fast Food
Reprenant la métaphore de la cuisine, le Slow Management propose de sortir du déluge d’idées et de concepts de management sans substance et soi-disant applicables à l’échelle (dans une banque, un hôpital ou un hôtel). Des idées qui, comme les barres sucrées donnent un coup d’énergie à l’organisation mais retombent vite comme un soufflet, saturent ses artères et sont rapidement détrônées par une nouvelle mode.
Initiative junkies
Elle génèrent un nombre impressionnant de “déchets d’initiatives”, de gens, de divisions et de technologies.
“La surconsommation d’idées de management peut mener à des salariés malheureux, une performance inférieure et une vie plus courte des organisations”.
Comment reconnaître le Fast Management. Ce sont souvent :
Des idées de masse standardisées
À durée de vie courte
Fortes en image, faibles en substance
Qui détériorent au final la qualité des organisations
Dans certaines entreprises, la tâche qui consiste à amener de nouvelles idées de Fast Management va même jusqu’à faire oublier l’activité principale...
Le Slow Management : durable, lent, avec moins de déchet
La plupart des jeunes arbres passent leurs premières décennies à l'ombre de la canopée de leur mère. La lumière du soleil étant limitée, leur croissance est lente. Une croissance lente donne un bois dense et dur. Mais il se passe quelque chose d'intéressant si vous plantez un arbre dans un champ ouvert : libéré de l'ombre des grands arbres, le jeune arbre se gorge de soleil et grandit rapidement. Cette croissance rapide donne du bois mou et aéré qui n'a pas eu le temps de se densifier. Et ce bois mou et aéré est un terrain propice aux champignons, aux maladies et, en fin de compte, à une vie courte. "Un arbre qui pousse vite pourrit vite et n'a donc jamais l'occasion de vieillir"
Peter Wohlleben
Le slow management propose trois idées :
Nourrir des variétés locales et spécifiques de management (nationales, régionales, locales) au lieu d’appliquer des standards globaux et artificiels,
Rendre du temps long aux initiatives et ralentir le “turn over” de responsables,
Privilégier la substance à l’image,
Les attributs du Slow Manager
Un Slow Manager veillera ainsi à réduire le nombre d’initiatives, leur donner un temps long, un soin et une attention durable. Dans leur pratique ils seront moins hyperactifs et exigeants sur le temps et l’énergie de leurs employés.
En réduisant la distraction des multi-initiatives, ils permettront à leurs équipes d’être mieux engagées, plus confiantes, moins déçues et plus concentrées.
Libérer les artères de l’organisation
Le Slow Manager voit le management comme un art plutôt qu’un process et son but est de libérer les ressources de l’organisation.
Attention, préviennent les auteurs, il n’est pas si facile d’être un “Slow Manager”. Un Slow Manager sait faire preuve de “scepticisme réflexif” et d’une éthique de la défiance du “hype”.
Le talent d’un Slow Manager consiste également à savoir mobiliser “une capacité de concentration collective” pour éviter les affres du Corporate Attention Disorder.
Les auteurs de l’étude savent aussi que, spécialiste de son art et de sa pratique, le slow manager n’est pas forcément un produit d’export.
Les résultats du Slow Management
Inspirée des travaux d’Amanda Goodall, l’étude constate enfin que la gestion d’équipes confiée à des spécialistes et des experts (Docteurs, Pilotes de Formule 1) est souvent meilleure que le management de brillants généralistes. Elle offre une nouvelle reconnaissance des pratiques de spécialistes.
Svenska Handelsbanken une banque Suédoise adepte du Slow Management devance ses concurrents depuis 41 ans avec des principes simples de décentralisation radicale, de profitabilité préférée à la croissance à tout prix. Au sein de la banque, la moitié des personnels en agence ont la possibilité de consentir un prêt. Autre fait notable, la banque n’a que trois couches de Management.
La promesse du Slow Management est de plus en plus audible dans notre époque troublée. Elle vise à faire des organisations plus durables, et, in fine, nettement moins “disruptables”.
Umanz est partenaire de Change Now. Retrouvez-nous les 27,28 et 29 mai
3 tweets sinon rien
Celui-là (l’objectivité par Henry Luce) , celui-ci (39 ans…quand même). Et celui-là aussi (les ravages de l’ennui Covidien).
Qui écrit comme ça ?
Quand la littérature et la voix de Garcia-Marquez, dans “Vivre pour la raconter” vous transportent dans un autre temps (et à un autre niveau) :
En clair, cela donne :
“Je fus impressionné par les gigantesques percherons qui tiraient les charrettes de bière, par les étincelles que faisaient jaillir les tramways quand ils tournaient le coin des rues, par les embouteillages que provoquaient les cortèges funèbres à pied sous la pluie. C'étaient eux les plus lugubres avec leurs corbillards luxueux, leurs chevaux accoutrés de velours, de pompons et de plumets noirs, leurs cadavres de bonnes familles qui se comportaient comme si elles avaient inventé la mort.”
Elise Boulding a deux mots à vous dire
“Si l’on est tout le temps mentalement essoufflé par le présent, il ne reste plus d’énergie pour imaginer le futur.”
Les Screenthoughts de la semaine
3 petites ou grandes pensées capturées ailleurs :
Les deux règles de la Technologie
Les preuves de ta philosophie
Problème d’hier ≠ Problème de demain
Insight Out : Et si la génération Z n’était pas la génération vidéo ?
Les pépites de la semaine
Quelques lectures éclairantes issues des revues de presse effectuées pour nos clients :
👔 Automatisation des Cols Blancs : avec son programme algorithmique Hand Off the Wheel, Amazon a une longueur d’avance.
👭🏽Et voici la nouvelle génération féminine de VC GenZ
🏢 Maman, c’était quoi un bureau ?
🦷 L’USAG1, un anticorps, peut-il régénérer les dents ?
👨💻 Et la guerre de l’AI, ça se passe comment chez les militaires ?
🌍 L’éco anxiété : nouveau quotidien des thérapeutes
C’est tout pour cette semaine. Merveilleux week-end intérieur et extérieur si possible. Je vous retrouve la semaine prochaine. D’ici-là…gardez le cap.
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