Geekons ensemble. Cette semaine, je vous ouvre les coulisses de Umanz et je vous invite à une exploration un poil différente. Si vous lisez la lettre de Umanz, depuis un moment vous savez que j’écris des essais de type longform , collecte des nuances (les Nuances as A Service), quelques fulgurances qui déplacent avec Ce qui Fulgure, des idées étranges et parfois fertiles (Les idées qui murmurent), des textes essentiels (les bouchées contemplatives), sans s'oublier les Screenthoughts (de grandes petites pensées).
J'ai en revanche une autre sorte de cahier à part, un exercice plus détaché de pensées inabouties où je collecte patiemment des réflexions minuscules, des questionnements et quelques aphorismes complétement personnels.
J’appelle ce format : perplexités et j’ai pensé qu’il était temps de les publier car elles aussi sont une façon pour moi d’être au monde, de patiemment donner à penser et d’apporter mes propres fragments de doutes à l’étrange édifice de sens que constitue Umanz.
Voici donc la première version des perplexités, de minuscules réflexions de l’âme moderne. J’espère que certaines trouveront écho en vous. Si c’est le cas, ouvrons la conversation.
Avant cela, je tenais, rituel oblige, à partager un texte qui à la première lecture m’a laissé perplexe (et agacé) mais qui constitue, à la seconde lecture, une belle mise en abîme de notre époque de post-vérité (voire de post-réalité). Il s’intitule :
L’âne, le tigre, l’herbe bleue et le lion
Dans un coin reculé de la jungle, l'âne, arborant un air de défi, s'approche du tigre et déclare avec assurance :
« L'herbe est bleue. »
Le tigre, impassible, lui rétorque :
« Non, l'herbe est verte. »
Les deux animaux, obstinés dans leur position, décident de porter leur différend devant le roi de la jungle, le majestueux lion. Alors qu'ils pénètrent dans la forêt dense, l'âne, impatient, s'écrie avant même d'arriver au trône royal :
« Votre Majesté, n'est-il pas vrai que l'herbe est bleue ? »
Le lion, fixant l'âne de ses yeux perçants, répond d'une voix grave :
« Oui, l'herbe est bleue. »
Fou de joie, l'âne continue :
« Le tigre n'est pas d'accord avec moi, il me contredit et m'irrite sans cesse. Punissez-le, je vous en prie. »
Le lion, avec une autorité incontestable, proclame alors :
« Le tigre sera condamné à cinq ans de silence. »
L'âne, exultant, s'en va en sautillant, répétant à qui veut l'entendre :
« L'herbe est bleue, l'herbe est bleue ! »
Le tigre, stoïque, accepte sa sentence mais s'avance pour demander au lion :
« Votre Majesté, pourquoi m'avez-vous puni ? Après tout, l'herbe est verte. »
Le lion, d'un ton calme et posé, répond :
« En effet, l'herbe est verte. »
Étonné, le tigre poursuit :
« Alors pourquoi me punissez-vous ? »
Le lion, avec une sagesse insondable, répond :
« Ta punition n'a rien à voir avec la couleur de l'herbe. Tu es puni parce qu'il est indigne pour une créature aussi noble et sagace que toi de perdre son temps précieux à discuter avec un âne, et pire encore, de venir troubler la quiétude du roi avec une telle futilité. »
La plus grande perte de temps est de débattre avec ceux qui, aveuglés par leurs illusions, ne cherchent ni la vérité ni la raison, mais seulement la confirmation de leurs croyances fallacieuses.
Ne gaspillez jamais votre temps avec des arguments insensés... Certains sont sourds à toute preuve, aveuglés par l'ego, la haine ou le ressentiment. Tout ce qu'ils désirent, c'est avoir raison, même lorsqu'ils ont tort.
Perplexités
J’aime le doute, les gens qui tâtonnent, j’aime celui qui dit : je ne sais pas, l’estrangement, le pas de côté, ceux qui se sentent comme un espadon dans une baignoire (Souchon), les maladroits un peu blizzards, les pensées inabouties, les phrases de presque, les rêves inachevés et ceux qui, un jour, reprennent.
J’aime les ébauches, les débuts, les pointillés, les gens longs, les âmes pleines, ceux qui arpentent les crêtes et mon frère celui qui n'a pour seul bien qu'une larme et qui jugerait indigne de l'essuyer (Bobin).
Et surtout parce que j'interroge l’époque et que je balaye le monde d’un gigantesque point d’interrogation, j’aime les perplexités.
Voici mon premier jet de pensées trouées, de dentelles de sens découpées un peu maladroitement comme des petits bonhommes de papier. En bref, de points que j’espère joindre aux vôtres :
1- “L’empowerment” à toutes les sauces est-il le dernier avatar performatif de l'hyper financiarisation du monde
2- À l'ère des algorithmes rois, demander à “parler à un manager” est-il devenu obsolète ?
3- Comment être un “Thought leader” quand il n’y a plus de “Thoughts” ?
4- Où va le monde ? L’impression diffuse que si l’on ne retrouve pas la volonté mondiale, l’urgence et l’intensité qui ont présidé à la reconstruction après-guerre, on se retrouvera bientôt...Avant-guerre.
5- La découverte fondamentale : manager un ado pulvérise radicalement tous les cours de management anglo-saxons auxquels vous avez pu assister.
6- Question à @Google ou @Youtube : les vidéos Youtube sont-elles toujours la réponse la plus pertinente à une requête ?
7- Il y a 3 moments vertigineux dans la vie :
- Quand tu dépasses tes parents en taille
- Quand tu les dépasse en sagesse et en maturité
- Quand tes enfants atteignent le moment n°2 et que tu le vois dans leurs yeux…
8- Tout ce qui m'est arrivé de meilleur est arrivé hors planification…Et je ne connaissais pas encore l’involonté.
9- Hors l'amour, Il n'y a rien de plus rare que l'amitié intellectuelle.
10- Réflexion Blue Ocean. Je me demande -actuellement- si le Frictionful Humain n’est pas supérieur au Frictionless Digital.
11- Une amie : “mes meilleurs moments professionnels ont toujours été hors KPI”
12- Quand je regarde autour de moi, j’ai parfois plus peur de l’artificialisation des gens que de l’artificialisation des sols…
Quelle sera votre rime ?
Écoutez ce que dit Whitman : « Ô moi ! Ô vie !... Ces questions qui me hantent, ces cortèges sans fin d'incrédules, ces villes peuplées de fous. Quoi de bon parmi tout cela ? Ô moi ! Ô vie ! ».
La Réponse c’est que tu es ici, que la vie existe, et l'identité. Que le spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime.
Que le spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime...
Quelle sera votre rime ?
Extrait du Cercle des Poètes Disparus
Il y a une gigantesque déconnexion à l'œuvre dans la société. On nous dit qu’il y a une app pour ça, une pilule pour ça, une posture de Yoga pour ça, mais la vérité c’est que nous n’avons pas mis à jour nos outils intérieurs de fabrication du sens, y compris au travail, face à une société ou des phases de vie qui ont radicalement changé.
Découvrez Second Act, mon cabinet de transition de vie, un passeport de sérénité pour la deuxième partie de vie.
Les Screenthoughts de la semaine
Le but de toute relation réelle
Les conclusions de nos exclusions
L’opinion n’est pas obligatoire
Signe des temps et temps des signes
The Question : la question hyper-intéressante à poser à ChatGPT nous vient de l’essayiste Tom Morgan : “d'après toutes nos interactions, quelle est la chose que tu peux me dire à mon sujet que je ne connais peut-être pas ?”
Solo Dining, Solo Dining, triste plaine.
Plus personne ne veut devenir manager. Bienvenue dans le Conscious Unbossing
Et la Brain Rot devint aspirationnelle ?
Doit-on continuer à s’informer à l’heure de l’épouvante informationnelle se demande Le Monde.
C’est tout pour cette semaine. Je pars quelques semaines en vacances dans mon grognoir méditatif et bucolique. Je vous retrouve après les vacances de la Toussaint dans la vraie vie, dans mon cabinet de transition de vie Second Act ou dans votre boîte mail avec une nouvelle lettre de Umanz.
D’ici là gardez le cap 🧭.
Waloyo Yamoni, nous surmontons le vent.
Cette newsletter est avant tout un projet de cœur. De nombreuses personnes et sociétés nous demandent souvent : comment travailler ensemble ? Actuellement, je consacre 80% de mon temps à “Second Act”, mon cabinet de transition de vie. 10% de mon temps à des Keynotes en entreprise sur les Soft Skills élégants: la Curiosité, l’esprit du débutant, l’émerveillement, l’impact, la loyauté, l’art de la conversation etc. Ainsi que des ateliers et séminaires exclusifs pour les comités de direction. Et 10%, par pur plaisir, à une activité de conseil en positionnement et en identité d’entreprise que j’ai gardé de mes anciennes activités chez Google, Reuters et Dow Jones. Elle me permet de produire des contenus uniques, aussi différenciés que des guitaristes punks dans un orchestre de mariachis.
Que des pépites dont on pourrait parler pendant des heures, merci merci Patrick
Ton texte sur les gens long est un bouleversement à chaque fois que je le lis. Je l’ai imprimé