« Quand plus rien n'est vénéré, l'irrévérence cesse d'indiquer une pensée critique.»
Jacques Barzun
Bienvenue sur Umanz, une lettre où un non-automate parle à des intelligences naturelles.
Dans cette époque marquée par une soif aiguë de sens je note un appétit constant pour les nuances.
La semaine dernière je me suis rendu à une rencontre d’écrivains, d’essayistes et d’auteurs de newsletters, la moyenne d’âge devait tourner autour de 30 ans, j’étais largement le plus âgé de la pièce…Personne n’a sorti son portable.
Est-ce le signal faible que cet aura de “Offliness” dont parle le New Yorker en évoquant Byung-Chul Han est en train gratter la patine - un peu miteuse dernièrement- du online ?
La nuance que je propose en forme d’insight pour ouvrir cette lettre : va-t-on vers un Offline Premium ? C’est ma conviction et l’une des thèses dérivées de l’hyperphysicalité.
Les cohortes avancées de la jeune génération mais aussi pas mal de clients de mon Cabinet de Transition de vie Second Act semblent d’accord sur ce point…
À suivre donc…
Cette semaine, la lettre de Umanz sera une nouvelle fois consacrée aux Nuances avec une fraiche récolte de Nuances As A Service. Et pour ne pas dépareiller, et rester dans le ton, j’inaugure cette lettre par une belle nuance. Une de ces nuances qui reflète, en creux, notre actualité. Celle de Lydia Salvayre :
Si le tact était désormais tenu pour une faiblesse…
«Je finis par penser que la brutalité, le calcul, l’esprit de lucre et le mépris affiché pour les choses de l’esprit (toutes qualités requises pour un investisseur digne de ce nom) étaient non seulement respectées en tous lieux, mais promues et encensées, et qu’on les regardait comme des atouts, comme des forces, comme les garants indispensables de la réussite, au point qu’il était devenu impossible de les moquer.
Les temps étaient vulgaires, me disais-je sur ce ton bégueule et grandiloquent de ceux qui se croient exempts du reproche qu’ils projettent sur d’autres.
La vieille courtoisie de la vieille Europe était morte, me disais-je, et cet argument me consolait infiniment, qui justifiait à lui seul toutes mes impuissances.
Si le tact était désormais tenu pour une faiblesse, si l’érudition passait pour une prétention, l’effacement de soi pour une infirmité et le savoir-vivre pour une entrave à jouir, alors il était logique que je me trouvasse dans ce merdier, me disais-je avec une complaisance écœurante, alors il était normal que je n’eusse pas ma place en ce monde, alors il était fatal que je fusse toujours décalée, à l’écart, inapte à me mêler, et solitaire, tel l’artiste.»
Lydie Salvayre, portrait de l'écrivain en animal domestique
S’élever amoureuse, Savoir Comment et 3 autres Nuances As a Service
S’élever Amoureuse
S’élever Amoureuse (souvent utilisé au féminin) est une magnifique Nuance que j’ai croisée dans les livres de Bernard Werber que je relis avec mon fils.
Je l’ai aussi relue dans cette phrase du très beau portrait de Macha Méril, dressé dans le livre de Vincent Remy et Jean-Philippe Pisanias : “Quelles vies” :
“ Si Macha Meril a partagé sa vie avec de nombreux compagnons, tout au long du chemin, elle a du attendre 74 ans pour tomber amoureuse ou s’élever amoureuse.”
Savoir Comment Vs Savoir Que
Avez vous noté à quel point dans nos sociétés ultra-visibles tout le monde “sait que” mais de moins en moins de gens “savent comment”.
C’est le constat de Matthew Crawford, l’auteur culte de l’éloge du carburateur :
“La satisfaction de se manifester concrètement dans le monde par une compétence manuelle est connue pour rendre un homme calme et facile. Elles semblent le soulager du besoin ressenti d'offrir des interprétations bavardes de lui-même pour justifier sa valeur. Il peut simplement dire : le bâtiment est debout, la voiture roule maintenant, les lumières sont allumées.... mais le régime éducatif actuel est basé sur une certaine conception du type de connaissance qui est important : "savoir que", par opposition à "savoir comment".
L’illusion de la réciprocité absolue
Parfois, en amour la réciprocité empêche de découvrir un relation plus profonde, plus riche et plus authentique. C’est la jolie nuance que propose David Whyte :
Nous ne pouvons jamais savoir au départ, en nous donnant à une personne, à un travail, à un mariage ou à une cause, de quel type d'amour il s'agit exactement. Lorsque nous exigeons un certain type de réciprocité avant que la révélation n'ait complètement fleuri, nous nous retrouvons déçus et endeuillés et, dans ce chagrin, nous pouvons passer à côté de la forme particulière d'amour qui est réellement possible mais qui ne répondait pas à nos attentes initiales et trop spécifiques.
En nous sentant dépourvus, nous nous identifions comme des déçus de l'amour, notre déception presque orgueilleuse nous empêchant de voir le manque de réciprocité de la part de la personne ou de la situation comme une simple invitation difficile à une forme d'affection plus profonde et encore méconnaissable.
“Libre de” VS “libéré de”
Il y a plusieurs façon de concevoir la liberté. On peut être en effet “libéré de”…Ou “Libre de”.
C’est la distinction fondamentale expliquée par David Brooks :
Nos engagements nous élèvent à un degré supérieur de liberté. Notre culture conçoit la liberté comme l’absence d’entraves. On est libéré de.
Mais il existe une autre forme, plus élevée, de liberté. C’est quand on est libre de. C’est la liberté en tant que pleine capacité, et elle suppose souvent de la restriction et de la retenue. Il faut s’enchaîner pendant des années à son piano si l’on veut vraiment en jouer librement. Il faut s’enchaîner à un ensemble d’habitudes vertueuses pour ne pas devenir l’esclave de ses désirs destructeurs – le désir d’alcool, le désir d’approbation, le désir de passer sa journée au lit.
Il précise que, dans la seconde partie de vie,par un étrange paradoxe, ce sont nos chaînes vertueuses qui nous libèrent.
Le sérieux, l'humour et le solennel
La dernière nuance nous est proposée par John Cleese, célèbre figure des Monty Python, particulièrement doué pour mettre à jour nos grandes absurdités et contradictions. Il propose une distinction (jamais exempte d’humour) entre le sérieux et le solennel.
Une autre frontière invisible qui distingue le fond de la forme :
"Maintenant, je vous suggère qu'un groupe d'entre nous pourrait être assis après le dîner, discutant de sujets extrêmement sérieux comme l'éducation de nos enfants, ou nos mariages, ou le sens de la vie, et nous pourrions rire, et cela ne rendrait pas ce dont nous discutons moins sérieux.
La solennité, par contre, je ne sais honnêtement pas à quoi elle sert. Je veux dire, quel en est le but ? Les deux plus belles funérailles auxquelles j'ai assisté avaient toutes deux beaucoup d'humour et cela nous a tous libérés et a rendu les cérémonies inspirantes et cathartiques.
Mais la solennité est pompeuse. Et les gens qui s'estiment supérieurs savent toujours, à un certain niveau de leur conscience, que leur égoïsme va être percé par l'humour. C'est pourquoi ils le voient comme une menace."
John Cleese
Besoin d’un “Second Act” dans votre vie ?
"Nous ne pouvons pas vivre l'après-midi de la vie selon le programme du matin de la vie, car ce qui était grand le matin sera petit le soir, et ce qui était vrai le matin sera devenu un mensonge le soir."
Carl Jung
Il y a une gigantesque déconnexion à l'œuvre dans la société. On nous dit qu’il y a une app pour ça, une pilule pour ça, une posture de Yoga pour ça, mais la vérité c’est que nous n’avons pas mis à jour nos outils intérieurs de fabrication du sens face à une société ou des phases de vie qui ont radicalement changé.
Découvrez Second Act, notre nouvelle offre Umanz, un passeport de sérénité pour la deuxième partie de vie.
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C’est tout pour cette semaine, je vous retrouve la semaine prochaine avec un nouvel essai et de nouveaux fragments de sens. D’ici là, gardez le cap 🧭.
Waloyo Yamoni, nous surmontons le vent.
Cette newsletter est avant tout un projet de cœur. De nombreuses personnes et sociétés nous demandent souvent : comment travailler ensemble ? Sachez qu’en dehors de “Second Act”, mon cabinet de transition de vie je réalise comme analyste culturel des carnets de tendances annuels (réservez votre session dès maintenant), des newsletters sectorielles, ainsi que de nombreuses Keynotes en entreprise sur les Soft Skills élégants: la Curiosité, l’esprit du débutant, l’émerveillement, l’impact, la loyauté, l’art de la conversation etc. Ainsi que des ateliers et séminaires exclusifs pour les comités de direction.
De mes anciennes activités chez Google, je garde par plaisir et pour ne pas perdre le pouls du monde, une activité de conseil en positionnement et en identité d’entreprise. Elle me permet de produire des contenus uniques, aussi différenciés que “des guitaristes punks dans un orchestre de mariachis” pour les entreprises, les professionnels et les marques. N’hésitez pas à me solliciter.